Pierre Gardien ou l’ermite de Plaimbois-Vennes
Le 22 Janvier 1792, un Ermite du nom de Pierre Gardien âgé de quatre-vingt ans mourait à l’intérieur d’une grotte, dans le dénuement le plus complet.
Cette grotte se trouve sur la petite commune de Plaimbois-Vennes dans le Doubs, qui sans cet évènement serait restée ignorée par beaucoup. Pierre Gardien y avait vécu pendant quarante-cinq ans, isolé, s’imposant une dure pénitence et vivant de ce que la forêt pouvait lui offrir. Il échangeait avec le visiteur quelques pommes de terre et morceaux de pain dur, contre des tranches de champignons séchés de couleur brune ou blanche, indispensables à l’époque pour s’éclairer, qu’il ramassait sur le tronc des arbres et que l’on appelle ‘’amadou’’. C’est pour cela qu’il était surnommé Pierre l’Amadou. Ce 22 Janvier 1792, on peut lire sur l’acte de décès dressé par Messire Jacques-Xavier Lambert curé de Plaimbois-Vennes, assisté de vingt-cinq autres prêtres, ce qui souligne la majesté des obsèques : « Pierre Gardien âgé d’environ quatre-vingt ans, que l’on croit originaire de la Peiratte en Poitou et qui a vécu dans la paroisse de Plaimbois derrière Vennes pendant quarante-cinq ans, retiré dans une grotte située dans les abymes des forêts de Vermondans, territoire du dit lieu. La solitude, les austérités et la ferveur de sa vie ont fait l’étonnement et l’édification de tout le voisinage. Il est décédé le 22 du mois de Janvier et son corps a été inhumé dans l’église du dit lieu, le vingt-trois du même mois de l’an 1792, en présence de Messire Lyme prêtre chapelain à Orchamps et de Messire Billerey prêtre vicaire en chef à la Sommète ».
Le 26 Janvier 1712, était baptisé dans l’église de la Peyratte, un garçon fils de François Gardien notaire et de dame Jacquette Suyre. Tout laisse supposer que c’est Pierre, car le document est en partie déchiré et usé par le temps. On ne sait rien de Pierre Gardien avant ses quatorze ans et pourquoi son départ de la Peyratte à l’âge de vingt-cinq ou trente ans. Il est devenu Ermite, afin semble-t-il de pouvoir expier une faute commise dans son enfance. En effet, son frère cadet Jean-François serait mort peut-être noyé dans le Thouet sous ses yeux et il se serait toujours reproché de n’avoir rien pu faire pour le sauver. Cette image ne l’a jamais quitté et c’est plein de remords qu’il a laissé définitivement les siens. Après plusieurs mois d’errance, il est arrivé en 1747 à Plaimbois-Vennes.
L’histoire de Pierre l’Amadou est très connue à Plaimbois-Vennes et dans la région du Doubs, jusqu’en Suisse. Il y effectuait tous les ans un pèlerinage à l’abbaye de Notre-Dame des Ermites à Einsiedeln. Il remettait à l’occasion, les petites sommes d’argent que lui donnaient les fidèles qui le visitaient dans la grotte. Ces sommes d’argent leur permettaient de gagner des indulgences. Une croix fut érigée à sa mémoire en 1863, par le cardinal Mathieu de Besançon, sur laquelle on peut lire :
« A la mémoire de Pierre L’Amadou
Etranger, il fut notre hôte
Son nom dit nos souvenirs
Ce moment notre reconnaissance.
Indulgence de 40 jours »
1863
Biblio : Extrait du livre de Marie-Claire Drezet, l’Ermite de Plaimbois-Vennes, Pierre Gardien.